Au départ de Strasbourg, nous sommes huit. Quatre femmes (deux représentes du CAF Girls), quatre hommes. Huit personnes méga motivées pour ce week-end qui s’annonce plein de surprise, plein de fraicheur, plein de neige, oh yesss !!
Deux voitures (co-voit oblige). Direction la vallée d’Aoste en Italie. Mon premier passage sous le tunnel du Mont Blanc. Une sorte d’autoroute à circulation ultra contrôlée, idéal pour voiture avec pilote automatique, frustrant pour l’adepte des virages de montagne. Qu’importe, le paysage avant et après le tunnel reste la priorité à retenir dans nos mirettes avides de beau. D’ailleurs, saviez-vous que la beauté nait dans l’œil de celui qui l’observe ?...
Une petite pause repas est prise au bas du téléphérique, nous menant à une arrivée relativement tôt au refuge de Torino à Helbronner. Altitude 3371 mètres, lunettes de soleil de rigueur, sourire sur les visages, et rapide moment d’extase à sentir la fraicheur d’une neige proche sur la peau des joues, avec son scintillement attirant qui joue avec nos pupilles.
Déjà on se dépêche de prendre possession de notre chambre pour vite aller profiter de l’excitation commune à poser les crampons sur nos chaussures et de tâter la neige pour découvrir l’endroit pour certains, et le redécouvrir pour d’autres. En route !
Après quelques minutes de marche, nos yeux impriment des sommets, des images, des rêves plus ou moins lointains… Dent de Géant, Arête de Rochefort, les aiguilles marbrés et le mythique Mont Blanc. Objectif que je me suis fixée il y a un peu plus d’un an maintenant, et qui m’a lentement amenée sur le chemin du Club Alpin, de la découverte de l’alpinisme, et de la rencontre d’Ozan et Médine. Et me voici à contempler ce sommet, depuis l’Aiguilles de Toule, après avoir grimpé sagement, comme une mise en bouche. Là-haut, photos avec le Mont Blanc en arrière-plan, et un murmure dirigé vers le Nord « Patience » avec ce sourire à demi combatif et à demi admiratif.
Un souvenir me revient à ce propos. Un jour, quelqu’un m’a posé la question : « Et quand tu auras fait le Mont Blanc, tu auras atteint ton objectif non ? » Et dans ma tête, une réponse qui se mijote et avec, cette prise de conscience qui se précise à chaque ascension : « le sommet du 4810 mètres ce sera au final seulement le début »…
Et puis, à peine le temps de respirer, de pauser sous le soleil (merci pour ce temps magnifique), retour au bercail (refuge) pour préparer la suite. Au passage lors du retour, la vue des aiguilles d’Entrèves, course prévue pour le lendemain, s’avère riche en promesses, surtout lorsqu’on observe de loin ces pointes acérées qui dardent leur pic vers le ciel.
Un repas chaud est le bienvenu avant un repos nécessaire. Levée avant l’aube. Départ pour une marche d’approche dans des temps relatifs, poussés par les rappels à l’ordre d’un Ozan ferme et alerte dans son regard. Oui, avec lui, suffit de voir son regard pour comprendre qu’il faut se dépêcher ! Impressionnant ce qu’il arrive à faire passer juste par les yeux !
Toujours en silence, une marche rythmée, sourde, amenant le groupe à se mettre en phase, observant au loin le balai des autres groupes qui suivent la piste, déviant les uns après les autres au fil du temps vers d’autres sommets enneigés (ou pas !). Après une marche en D+400 on arrive au pied des aiguilles coté SW. Médine et moi en mode conquérantes, elle me pousse à accélérer le pas. Je suis volontiers son rythme. J’adore. Nous formons une cordée CAF Girls pour une course d’une beauté impressionnante. Début de l’ascension aisée, pourtant parfois ralentie par un manque de niveau technique de certains participants, et parfois trop lent à certains endroits… Profitant au départ de quelques clichés souvenirs (la Dent de Géant trônant fièrement en arrière-plan, et le sourire radieux de Médine en premier plan), et puis parfois on s’imprègne sans réellement le vouloir, des courants d’air glacials à certains autres endroits à cause de l’attente… Bref je passe certains détails et préfère m’attarder sur ces sensations extrêmes de corps qui goûtent au gaz que procure certains passages. Les yeux en prennent plein, se remplissent de cette sagesse pure qui ne s’attrape qu’au sommet des montagnes. Celle qui fait rosir nos joues, celle qui soulève notre être vers toujours plus d’amour de la vie.
Et le groupe avance à un rythme décevant, nous permettant de croiser ces autres groupes partis 1h, voire 2h après nous…
Depuis mon inexpérience, je ne calcule pas, je savoure l’instant, m’adaptant au mieux, comme si je maintenais une bulle arc en ciel autour de mon contentement d’ingénue made in Licorne (mon surnom). Que c’est beau ce que la vie offre à vivre ! Vivez tout pleinement les amis, même ce qui semble ne pas être plaisant. Si, si !
Descente progressive, avec un dernier rappel directement sur une glace dure au NE. Retour dans un silence électrique jusqu’au refuge où les aurevoirs sont rapides, pressants. Dernier regroupement au pied des téléphériques avant d’embarquer en voiture direction le NE de la France.
Je garde de belles images de cette expérience. C’est, bien entendu, une course à refaire pour ma part. J’ai aimé cet air, ces lignes dures où nos mains cherchent à prendre confiance pour avancer.
La morale de l’histoire c’est que « rien de ne sert de partir à point, il faut aussi savoir courir ».
Rose-Marie (dixit miss licorne)
Equipe CAF Girls Grand Est
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