Ice Climbing Ecrins - Have an ICE day !

Les participantes du CAF Girls Grand Est - Cascade du Pelvoux

La réalisation d'une envie procure en général d'autant plus de joie qu'on en a longtemps caressé le désir. Je m'étais mise à rêver de cascade de glace à travers des livres, des vidéos, en me projetant mentalement dans l'activité. La réponse m'attendait ce jeudi matin à 5h lorsque nous avons pris la route, toute une petite bande de Strasbourgeois motivés, pour un événement unique autour de la cascade de glace, l'Ice Climbing, dans le massif des Ecrins, à l'Argentière la Bessée. Un trajet un peu fou, surtout pour une néophyte, mais j'avais l'intuition que je ne le regretterais pas.

Notre troupe était emmenée par Médine et Ozan, deux initiateurs cascade et alpi passionnés, qui avaient déjà fait des émules au CAF de Strasbourg. Bien décidés à tâter de la glace dès cette première journée nous avons pris la direction de la cascade artificielle de Pelvoux, juste après le village du même nom, où nous avons pu faire nos premières armes, bien sûr et fort heureusement en moulinette.

Légère déconvenue lors des premiers essais: la glace n'était pas le rocher et elle réclamait sa technique propre. Je me sentais gauche et ne réussissais pas bien à ancrer les piolets auxquels pourtant j'essayais de me pendre, ayant encore moins confiance en mes pieds. L'escalade demandait de la modestie, la cascade me semblait-il allait réclamer de l'humilité. Cette toute première expérience devait cependant nous permettre le lendemain d'être déjà un peu plus à l'aise. Nous avons ensuite rejoint à l'Argentière le grand gymnase qui accueillait tous les participants et nous avons déambulé un peu entre les stands des différentes marques partenaires, nous mêlant à ce grand défilé de doudounes et Gore Tex de toutes les couleurs. Les 3 jours qui ont suivi se sont révélés intenses et passionnants.

Rendez-vous avec son groupe et son guide à 7h, départ des navettes à 7h30 tapante. Je me suis retrouvée chaque jour dans un groupe différent exclusivement composé de filles où j'étais la seule Strasbourgeoise. Ma première destination a été le site d'Aiguilles en Queyras où nous attendait une vaste cascade artificielle aux portes du village offrant un large spectre de formes, depuis la méduse jusquau cigare en passant par des cloches. Les températures étaient basses, aux alentours de -13° et le ciel avait un bleu très pur. Je me suis trouvée encordée avec une jeune Néerlandaise, Tessa. Première montée et aussitôt une onglée terrible. La douleur me semble insoutenable, je geins, je manque de vomir, je crois m'évanouir puis elle s'estompe et une chaleur étonnante revient dans tous mes doigts au point que je n'aurais presque plus besoin des gants. Ce jour-là, c'est une première pour moi et j'en ressens une certaine émotion, je fais la connaissance de 2 femmes guides, Stéphanie Moreau et Julia Virat. Grâce à leurs conseils et à ceux d'Henry-Luc Rihl, le sélectionneur de notre équipe CAF Girls Grand Est qui, me voyant à la peine, prend gentiment le temps de m'expliquer certains principes, je réussis progressivement à mieux ancrer mes piolets et à mettre plus de poids sur mes pieds. L'essentiel en tous cas est déjà là, je prends un fichu plaisir à grimper. Mue par l'envie de découvrir les différentes lignes j'en enchaîne 8 et m'arrête, au bord de l'épuisement, ravie. Il ne me faudra pas plus d'une seconde dans le bus du retour pour m'endormir profondément.

Le soir au gîte chacun(e) raconte, enthousiaste, sa première expérience et Médine jubile : le virus a été bien inoculé ! Le 2ème et 3ème jour, changement de décor: dans le grandiose vallon du Fournel un rideau de glace vertical de belle ampleur situé dans le secteur Davidoff. Notre guide, Seb Ratel, grimpe lestement les deux tiers de la cascade pour nous installer deux moulinettes dans des lunules réalisées la veille. Je suis très impressionnée lors de la première montée car la section verticale se prolonge sur plusieurs mètres et je découvre la nécessité de laisser un piolet planté dans la glace pendant que je délaye. Je comprends peu à peu qu'en utilisant les ancrages et trous déjà formés je peux économiser mes frappes. Nous déjeunons sous un surplomb rocheux dont une partie est couverte par la cascade qui laisse pendre un bouquet de stalactites aiguisées. Une jeune Polonaise, qui s'essaie pour la première fois à la cascade de glace, se révèle particulièrement douée et vient à bout sans difficulté d'une section déversante ardue. Bien sûr, elle grimpe 8a en escalade, cela aide quelque peu, mais quand même, ces Polonais, quels incroyables montagnards ! L'une des deux lignes que nous empruntons passe dans la structure de stalactites où la glace est transparente et où s'offrent à nous de grandes alvéoles de verre. Je grimpe sur un immense lustre ! Cela tient du miracle mais me fait frissonner... Il me faudra sans nul doute beaucoup de temps avant de pouvoir interpréter les différentes textures et couleurs de cet élément vivant, en formation et disparition permanente, qu"est la glace. Transparente ou opaque, blanche ou bleutée, marbre ou sorbet, étirée en de grandes orgues ou étagée en pétales, la glace fascine. Ce week-end fabuleux passé à l'Ice Climbing ne m"a laissé comme je crois à tous(tes) qu'une seule envie : aiguiser crampons et piolets !

Ecrit par Marie CLEC’H
CAF Girls Grand Est

 

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